L’expression artistique occupe une place grandissante au cœur de l’espace public. Sa meilleure intégration dans le développement urbain renforce l’attrait de nos villes, villages et quartiers et contribue à un meilleur vivre-ensemble. Comment s’exprime la culture dans l’espace public, au cœur de nos villes et de nos villages? Et, surtout, quelle place lui accorder dans le développement urbain? Alors que la ville d’Esch-sur-Alzette célèbre les expressions artistiques sous toutes leurs formes, en tant que capitale européenne de la culture 2022, l’Observatoire de l’Immobilier a souhaité, lui aussi, aborder cette thématique.

Patrimoine bâti et immatériel

« La culture s’exprime à de nombreux niveaux et sous diverses formes au cœur de nos agglomérations, répond Sam Tanson, Ministre luxembourgeoise de la Culture. Si l’on parle d’immobilier, on pense d’abord au patrimoine bâti, particulièrement riche au Luxembourg, qui témoigne de notre histoire et de notre identité. Plus généralement, si l’on considère l’espace public, on peut aussi évoquer des œuvres d’art de plus en plus présentes ou encore le patrimoine immatériel ainsi que des événements festifs et culturels. » Les expressions artistiques et culturelles sont nombreuses. Surtout, elles ne sont plus cantonnées aux institutions dédiées. Si, rappelle la ministre, ces structures que sont les musées, les théâtres ou les salles de concert ou de spectacles jouent un rôle essentiel, on peut se réjouir de voir la culture investir bien d’autres lieux, nos rues, nos parcs, nos immeubles. « Nous sommes confrontés à l’art, qu’on le veuille ou non. Pour s’en convaincre, il suffit de traverser le parc de la Coque. On voit des œuvres orner des immeubles, comme celle de Trixie Weis, sur la façade de la Radio 100,7, explique Sam Tanson. Parfois, elles sont tellement bien intégrées au sein de l’environnement que beaucoup ne les remarquent même plus. Et pourtant, ces expressions culturelles sont essentielles. Elles participent au vivre ensemble. »

Dans l’espace public, l’art se démocratise

Si l’on parle de développement urbain, pour ce qui relève du secteur public, le législateur a prévu que 1 % de l’investissement doit être consacré à « l’intégration de l’art dans la construction d’immeubles financés par les pouvoirs publics », et ce afin de soutenir la création et de sensibiliser les concitoyens. C’est ce que l’on appelle communément le « 1% artistique ». « Autrement dit, pour tout projet financé avec de l’argent public, une école ou une administration par exemple, une réflexion doit être menée pour y intégrer une œuvre d’art », explique la ministre de la Culture, qui souhaite que l’application de cette mesure soit désormais mieux accompagnée, notamment au niveau des communes.

Au-delà, la propagation de l’expression culturelle dans l’environnement urbain n’est pas uniquement du ressort du secteur public. « Aujourd’hui, l’art se démocratise à travers l’espace urbain, commente Mélanie De Lima, Marketing & Communications Manager au sein d’INOWAI. La culture se libère et trouve naturellement sa place dans une grande variété de lieux accessibles au public. » Elle s’exprime au cœur d’un centre commercial, qui accueille une exposition, sur la devanture d’un immeuble de bureau qui accueille une œuvre et même, de plus en plus, au niveau des développements immobiliers résidentiels.

Les privés aussi intègrent l’art

« Ces expressions culturelles, aujourd’hui, façonnent l’espace urbain, contribuant par la même occasion à améliorer la qualité de vie des résidents, à renforcer l’attrait des lieux de vie, poursuit Mélanie De Lima. Aujourd’hui, les acteurs privés, notamment les promoteurs immobiliers, intègrent de plus en plus l’art dans leurs projets. Tout en participant à la valorisation du patrimoine culturel, ces investissements sont constitutifs de l’identité des projets. » L’intégration d’éléments culturels et artistiques à l’échelle d’un immeuble ou d’un quartier permet d’en affirmer la singularité et de renforcer leur attrait. « L’intégration de l’art dans l’espace public n’est pas quelque chose de nouveau. Toutefois, à l’heure où l’on repense l’environnement urbain et où l’on voit se développer de nouveaux quartiers, on constate qu’une attention particulière est donnée à ces aspects », poursuit Mélanie De Lima.

Voir les acteurs privés intégrer une dimension artistique ou culturelle à leurs projets réjouit la ministre de la Culture. « Si c’est un investissement supplémentaire, et donc un risque, je suis aussi persuadé que la démarche participe à la valeur du bâtiment, ne fût-ce qu’en lui conférant une dimension singulière », explique Sam Tanson.

La culture, vecteur de cohésion

Une autre tendance constatée réside dans le souhait des résidents d’un quartier ou encore d’un village de disposer de lieux qu’ils peuvent s’approprier, pour monter des projets culturels ou associatifs. « On voit de plus en plus de démarches de développement urbain où, dès l’entame du projet, on prévoit d’accorder une place à la culture ou à la vie associative, commente la ministre de la Culture. On permet à des collectifs culturels, artistiques ou citoyens locaux d’investir des lieux librement, les gérer de manière autonome. » De telles initiatives contribuent à créer une dynamique au coeur d’un lieu de vie. « Cela répond à une aspiration des citoyens de renouer avec une démarche de vivre ensemble. Plus qu’un logement où vivre, les résidents souhaitent de plus en plus prendre part à la vie de quartier, accéder à des animations, prendre part à des initiatives, qu’elles soient culturelles ou associatives, commente Mélanie De Lima. À l’échelle d’un quartier, les initiatives contribuant à créer du lien, à fédérer les habitants, contribuent à son attractivité. Plus que jamais, les projets de développement doivent eux aussi intégrer ces aspects.»

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