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02/12/2021

Luxembourg

La pénurie de matériaux s’atténue, mais ses effets perdurent

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#Luxembourg #Project Management

Si la pénurie de matières premières semble se résorber petit à petit, ses impacts sur les prix des matériaux de construction, sur la livraison des chantiers et sur l’ensemble du secteur restent importants.


Le secteur de la construction a été durement touché par la crise sanitaire, avec la mise à l’arrêt complet de nombreux chantiers durant le premier confinement. À cette difficulté est venue s’ajouter, en début d’année 2021, une pénurie de matériaux de construction sans précédent. « On évoque souvent la pénurie concernant le bois mais de nombreux matériaux sont concernés. Le verre, l’aluminium, les matériaux isolants, par exemple, sont aussi touchés », souligne Geoffrey Castagna, Head of Technical & Project Management au sein d’INOWAI.

L’effet Covid-19


Les raisons qui ont conduit à cette pénurie de matériaux de construction sont étroitement liées à la crise sanitaire. « Un peu partout à travers le monde, les mesures de confinement mises en place pour enrayer la propagation du Covid-19 ont perturbé les chaînes de fabrication et d’approvisionnement des matériaux, qui ont du mal à rattraper ensuite le retard pris et qui, en outre, tablaient sur une baisse de la demande », explique Patrick Koehnen, Secrétaire général adjoint et Directeur des affaires économiques de la Fédération des Artisans (FDA). La reprise économique mondiale, encouragée essentiellement par la reprise sur les marchés chinois et américains, a ensuite provoqué une hausse importante et rapide de la demande en matériaux de construction, alors que l’offre, elle, était insuffisante. Les États-Unis, notamment, se sont tournés vers le marché européen pour s’approvisionner en bois, les relations commerciales avec le Canada, qui leur fournissait autrefois le bois, étaient tendues depuis l’instauration, en 2017 par Donald Trump, d’une taxe sur les importations canadiennes.

« Aujourd’hui, la pénurie de matériaux s’atténue. On n’est plus du tout dans la situation du premier semestre de l’année, on éprouve moins de difficultés à s’approvisionner mais la pénurie que nous avons connue continue toutefois à avoir de lourdes conséquences pour tous les acteurs du secteur de la construction et pour les consommateurs », confie Patrick Koehnen.

Des prix qui s’envolent


La pénurie a ainsi provoqué une augmentation significative des prix. En effet, selon la loi bien connue de l’offre et de la demande, lorsque la demande est supérieure à l’offre, les prix grimpent. « La récente hausse du coût de l’énergie, conséquence elle aussi de la reprise économique, a également engendré un surcoût pour l’ensemble de ces matériaux, devenus plus chers à fabriquer », ajoute Geoffrey Castagna, « tout comme l’envolée des prix du fret maritime », poursuit Patrick Koehnen.

Ainsi, depuis le début de l’année, le prix du bois aurait progressé d’environ 30 %, celui de l’acier et des matières isolantes de 30 à 35 %. Selon le STATEC, l’indice des prix de la construction a augmenté de 4,3 % entre octobre 2020 et avril 2021. Il s’agit de la plus forte évolution semestrielle depuis avril 1992. « Nous estimons qu’il faut aujourd’hui compter entre 15 et 20 % d’augmentation sur des travaux de rénovation et d’aménagement de bureaux, précise Geoffrey Castagna. À titre d’exemple, pour la remise en pristin état d’une surface de bureaux de plus ou moins 850 m2, nous avions tablé sur un budget d’environ 200.000 € au premier trimestre 2021. Au moment de la réception de l’ensemble des offres des différents prestataires (parachèvement, électricité, peinture, revêtement de sol, sanitaires, etc.), on arrivait à un montant de… 240.000 euros, une hausse loin d’être négligeable. »

Et des chantiers retardés


Le manque de matériaux disponibles n’est pas non plus sans impact sur le bon déroulement des chantiers. « Les délais d’approvisionnement sont allongés, les plannings s’en trouvent chamboulés. Il est donc beaucoup plus difficile de s’organiser, cela se fait un peu au jour le jour en fonction des matériaux reçus, alors que les carnets de commandes sont bien remplis », indique le représentant de la FDA. « Pour certains équipements, comme les moteurs électriques, les portes ou les cloisons amovibles, le temps d’approvisionnement a été multiplié par deux. Tout cela implique, par effet boule de neige, de nombreux retards dans la réalisation des travaux et donc, dans la livraison des chantiers. » Pour aider les entreprises à faire face à cette situation, des aménagements ont été mis en place dans certains cas. « Par exemple, nous conseillons à nos membres de demander le paiement d’avances en liquidités sur la révision de prix pour se protéger des fluctuations imprévisibles des coûts des matières premières. Pour les marchés publics, il a été acté, après discussion avec le ministère de la Mobilité et des Travaux Publics, que les délais soient mis en suspens si on ne détient pas le matériel nécessaire à la réalisation du chantier et qu’aucune pénalité ne s’appliquait dans ce cas », précise Patrick Koehnen.

Une baisse prochaine des prix peu probable


Peut-on espérer assister à une diminution des prix dans les prochains mois ? Pour l’heure, rien n’est moins sûr. « Comme il était impossible de prévoir cette hausse soudaine des prix, il est compliqué de se prononcer sur une éventuelle baisse, avoue Geoffrey Castagna. À ce jour, il n’y a en tout cas aucun signe d’amélioration pour le début de l’année 2022. Au contraire : au début du mois de novembre, plusieurs sociétés de la place nous ont avertis de nouvelles augmentations tarifaires, allant parfois au-delà de 20 % pour certains matériaux de parachèvement. Dans un contexte actuel aussi changeant, il est difficile de savoir quand la situation retrouvera une certaine normalité. » Même son de cloche du côté de Patrick Koehnen. « Nous n’avons malheureusement pas de boule de cristal mais ce qui est certain, c’est que les acteurs de la construction veulent travailler et que la demande, elle aussi, est bien présente. »

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