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23/12/2020

Luxembourg

Ministre C. Turmes : "Nous ne pouvons pas nous permettre de gaspiller du terrain"

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#Luxembourg

À travers l’aménagement du territoire, l’État joue  un rôle-clé dans chacune des thématiques évoquées par l’Observatoire de l’Immobilier. Claude Turmes, ministre de l’Aménagement du territoire, évoque pour nous les défis qui y sont liés et les réponses qui peuvent y être apportées.

Parvenir à améliorer la mobilité est essentiel si l’on veut préserver la qualité de vie au Luxembourg et continuer à attirer des talents et des entreprises dans le pays.


Comment l’aménagement du territoire peut-il y contribuer ?

Ces dernières années, nous n’avons en effet cessé de courir derrière la dynamique économique et démographique qui anime notre pays et qui engendre un grand nombre de défis, notamment en matière de mobilité. L’État s’est attelé, avec des budgets colossaux, à créer les infrastructures nécessaires pour améliorer la desserte de la capitale et du pays. De grands projets ont été ou sont menés au niveau du train, du tram, du réseau de bus RGTR ou encore de la mobilité douce. Désormais, notre volonté est d’appliquer une politique volontariste d’aménagement du territoire, afin de structurer le pays, à l’horizon 2035, autour de trois grands pôles de développement : l’agglomération Centre autour de Luxembourg-ville, l’agglomération Sud, autour des grandes villes d’Esch-sur-Alzette, Dudelange et Differdange, et l’agglomération de la Nordstad. Il est essentiel de continuer à développer ces deux dernières zones pour que tout – les flux de mobilité, les infrastructures, les entreprises, les écoles, les logements, etc. – ne se concentre pas uniquement sur  la capitale. Le Luxembourg fait face à un déséquilibre entre offre et demande en logements, ce qui se traduit par une augmentation des prix de l’immobilier.


Comment réussir à mobiliser du foncier et continuer à répondre aux besoins en logements, tout en préservant les paysages et les ressources naturelles du pays ?

Nous devons tout d’abord aider les communes à identifier la disponibilité foncière et trouver des moyens pour activer ces terrains. Par ailleurs, pour répondre à la hausse croissante des prix de l’immobilier et permettre aux ménages à moindres revenus de se loger, notre plan directeur sectoriel « Logement » prévoit de déployer 30 % de logements abordables au moins, contre 10 % aujourd’hui. 

En parallèle, des projets d’envergure, qui permettront,  à terme, d’augmenter l’offre disponible et d’accueillir des milliers de nouveaux habitants, se sont accélérés ces dernières années dans le pays, à Wiltz, Differdange et Esch-Schifflange notamment. Nous devons néanmoins réussir à créer, rapidement, un volume plus conséquent de logements que ce qui a été fait jusqu’à présent, et ce à l’intérieur des PAG (plans d’aménagement général). Nous avons en effet la place, dans ces périmètres constructibles, de développer des logements pour 150.000 habitants, et ce sans toucher aux terres agricoles. 


Quels sont les défis engendrés par une densification  du territoire ? 

Il s’agit de densifier, mais de manière réfléchie.  Le monde rural doit le rester. Le patrimoine bâti doit être protégé. Les villes, elles, doivent devenir de vraies villes. Là, on peut imaginer densifier davantage, construire des quartiers neufs, notamment autour des pôles d’échanges intermodaux et des pôles urbains à Esch-sur-Alzette, Differdange, ou Ettelbruck par exemple. 

Mais nous ne pouvons densifier les villes sans être attentifs à la qualité de l’espace public. La ville doit être un lieu d’échanges sociaux, et chacun doit pouvoir avoir accès à un lieu agréable à proximité de chez lui. Le confinement l’a encore davantage mis en lumière.  C’est pourquoi le plan directeur sectoriel « Paysages » prévoit des espaces dans lesquels il est impossible d’ériger de nouvelles constructions, et ce afin d’éviter de créer des villes tentaculaires et de préserver des zones interurbaines vertes. Nous encourageons également le développement d’éco-quartiers, qui favorisent la mobilité douce, qui veillent à protéger la biodiversité, qui sont attentifs à l’aménagement de l’espace public, etc. Au-delà de la création d’emplois et d’infrastructures de très bonne qualité, il ne faut pas sous-estimer l’importance des espaces verts et publics dans l’attractivité d’une ville. 


Quelle est la vision globale de l’État luxembourgeois en matière d’aménagement du territoire ?

Arrêtons de courir après les événements. Nous devons  mettre en place une politique de prospection, regarder vers l’avant. Nous sommes un petit pays avec un  grand dynamisme économique et démographique. Nous ne pouvons pas nous permettre de gaspiller du terrain. Il nous faut optimiser les sols que nous avons, réutiliser ceux à notre disposition, comme dans les friches industrielles. À cet égard, nous avons lancé une consultation internationale urbano-architecturale et paysagère pour penser notre territoire pour demain, « Luxembourg in Transition ». Face aux nombreux défis climatiques et aux enjeux sociétaux qui se présentent au Luxembourg, ce projet doit nous permettre de développer des scénarios concrets de transition écologique et d’aménagement du territoire à l’horizon 2050, pour 

le pays et son aire métropolitaine transfrontalière.


Retrouvez cette interview et l'intégralité des constats de l'Observatoire de l'Immobilier dans le numéro #08 de NOW

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