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28/03/2022

Residential

Favoriser la cohésion sociale à l’échelle des quartiers

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#Residential

Au cœur de nos sociétés, souvent affectées par l’isolement, nous n’avons sans doute jamais eu autant besoin de nous retrouver ensemble, de partager les valeurs qui nous animent. Mais comment, au niveau des développements urbanistiques, peut-on contribuer à une meilleure cohésion de quartier?


La cohésion sociale au sein d’un quartier dépend beaucoup de la manière dont il a été pensé et mis en œuvre. Au cœur de la ville ou à l’échelle d’un village, il est aujourd’hui important de permettre aux habitants d’un quartier de s’approprier l’espace public, de le rendre vivant, agréable à vivre. « La récente crise sanitaire a particulièrement mis en évidence l’importance de la solidarité et des interactions sociales à l’échelle d’un quartier, commente Sophie Dawance, architecte et urbaniste, enseignante à la faculté d’architecture de l’Université de Liège. Elle a aussi montré la manière avec laquelle les liens pouvaient se détricoter, créant des situations d’isolement, de clivage entre les gens. En tant qu’urbanistes, il nous appartient d’œuvrer à recréer les conditions permettant aux différentes composantes de la société de cohabiter. »

Créer les conditions favorables

C’est dès la conception du quartier que l’on peut créer ces « conditions favorables ». « La cohésion sociale, avant tout, part d’une bonne mixité, commente Jean-Nicolas Montrieux, CEO d’INOWAI. Celle-ci doit s’exprimer dans les fonctions qui y sont représentées, le logement, le bureau, les commerces, mais aussi dans les espaces proposés et dans la population qui y vit. »

À l’avenir, il y a un réel intérêt à mêler les fonctions à l’échelle d’un quartier ou même d’un immeuble. « Par le passé, de nombreux développements ont favorisé un certain entre-soi. Je pense par exemple à ces grands lotissements, que l’on ne devrait plus créer aujourd’hui, où les habitations s’adressent toutes à une même catégorie de la population, accueillant des personnes ayant plus ou moins le même profil et le même parcours », commente Sophie Dawance. Avec la mise en œuvre de tels projets, une ville ou un quartier accueille soudainement un ensemble de familles avec enfants, entrainant une forte pression sur les infrastructures d’accueil comme les crèches et les écoles locales. « Les parents étant des personnes actives, le quartier est désert toute la journée, empêchant toute forme de contrôle social, et donnant l’impression d’une cité-dortoir, poursuit Sophie Dawance. Vingt ans plus tard, les enfants sont partis et des couples âgés se retrouvent avec des habitations surdimensionnées par rapport à leurs besoins et des services qui ne leur sont plus forcément adaptés.»

Tisser, en partant de l’existant

En tant qu’urbaniste, Sophie Dawance croit aujourd’hui davantage à des petits développements, à un tissage progressif, presque organique des quartiers, qu’à de grands développements ab nihilo, au cœur desquels il est difficile de générer de la cohésion. « Idéalement, il est préférable de s’appuyer sur l’existant, en cherchant à transformer, à réaffecter, à renforcer des dynamiques existantes et, de cette manière, construire la ville par couches », explique-t-elle.

Mêler les fonctions, promouvoir la diversité

Envisager une grande diversité de logements à l’échelle d’un quartier, y inclure des espaces professionnels, du commerce, permet d’y rassembler diverses catégories de la population, des jeunes et des moins jeunes, des personnes aisées et moins aisées, des enfants, des actifs et des retraités. « De cette manière, on peut faire en sorte qu’il y ait toujours de la vie dans le quartier, ajoute l’urbaniste. Pour créer du lien, au-delà, il n’y a pas de recette magique mais un ensemble d’éléments qui permettent de rassembler les conditions favorables. En rapprochant les services, on crée par exemple des raisons de sortir de chez soi à pied et de permettre aux habitants de se croiser, de se rencontrer. »

Pour Jean-Nicolas Montrieux, Belval est un bel exemple de ce qu’il faudrait davantage développer dans une optique de plus grande mixité et de cohésion sociale. « Toutes les fonctions sont rassemblées autour d’un quartier unique, où tous les déplacements peuvent se faire à pied. On y retrouve des étudiants, des salariés du privé, des agents de l’administration publique, une résidence senior. Les fonctions se mêlent à l’échelle du quartier et même des immeubles, créant une réelle émulation », commente le CEO d’INOWAI.

Permettre aux habitants de s’approprier l’espace

L’implication des habitants dans la conception ou la rénovation des quartiers est de nature à favoriser la prise en compte de leurs besoins et envies. « Au-delà, la conception d’espaces souples et appropriables peut jouer un rôle important pour favoriser la rencontre, pour donner des opportunités aux gens de se retrouver, explique Sophie Dawance. Alors que l’on a souvent tendance à planifier chaque mètre carré de surface, je pense qu’il est aussi important de laisser des espaces où les choses peuvent advenir, des lieux indéfinis que les habitants peuvent s’approprier et où ils peuvent développer des projets eux-mêmes, comme des potagers collectifs par exemple. »

Une prise de conscience nécessaire

Plus que jamais, l’être humain a besoin de cohésion sociale. Les promoteurs, eux-mêmes, en prennent progressivement conscience. « À l’échelle d’un immeuble, et dans une perspective de réduction de la surface des unités de logement, on imagine aujourd’hui l’intégration de services ou d’espaces additionnels, comme une salle des fêtes, des jardins partagés, une buanderie ou une chambre d’amis commune, explique Jean-Nicolas Montrieux. Ces éléments contribuent à la rencontre, à l’échange entre habitants. »

Aux yeux du CEO d’INOWAI, c’est la recherche de cohésion sociale qui fait aussi l’attractivité des villes aujourd’hui. « Les habitants viennent y chercher un aspect pratique, avec tout à proximité, mais aussi des échanges sociaux et culturels, de l’animation, explique-t-il. Afin de répondre aux aspirations des habitants en la matière, plus que jamais, les plans d’aménagement généraux et particuliers doivent intégrer ces notions de mixité, pour contribuer au partage et susciter la rencontre. »

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